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Le rupellien
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26 novembre 2014

Du bon usage des guillemets

Hier, conférence au centre protestant. Le sujet : Dieu interventionniste ? Le conférencier nous raconte une histoire affreuse. Durant ses études de théologie, il s'était rendu à une séance de prière chez des pentecôtistes. Une femme courbée par une maladie se voit imposer les mains par les fervents participants. Et... rien. Elle repart tout aussi courbée qu'avant, ce que voyant, le pasteur charismatique explique par son manque de foi, lui ajoutant ainsi un fardeau de culpabilité. Frémissement dans l'auditoire.

Le conférencier égraine ensuite les exemples bibliques d'interventionnisme divin et de non interventionnisme. Il donne la parole à la salle et l'on sent bien que parmi les chrétiens progressistes qui la composent, l'idée d'un Deus ex machina qui interviendrait extérieurement dans le cours des choses ne fait guère recette. C'est alors que notre ami Michel, probablement le seul Juif de l'assistance, fait cette simple remarque :

"Si "Dieu" n'intervient pas dans le monde, j'ai à y vivre en homme juste. Et si "Dieu" intervient dans le monde, j'ai à y vivre en homme juste."

En quelques mots, le problème avait été déplacé et recentré. En y repensant ce matin, je me disais qu'avant de s'attaquer à une question, il faudrait toujours se demander si elle est bien posée. Michel nous aide parce qu'il appartient à une tradition spirituelle différente axée sur l'agir concret. Sa réflexion vient stopper nos développements sur l'être de Dieu et nous ramène, comme souvent dans le judaïsme, à l'homme et à sa responsabilité face à "Dieu".

La conférence touche à sa fin quand j'ai envie d'ajouter quelque chose : "Le pasteur qui dit à la femme malade qu'elle manque de foi, en fait, c'est un "salaud"." Silence. Je me demande alors comment on peut fonder l'unité d'une communauté chrétienne sur des options fondamentales si éloignées. S'il ne faudrait pas parfois constater qu'on n'a pas le même "Dieu". Le conférencier qui s'était plaint de ne pas rencontrer assez de contradiction lors de ses interventions essaie de conclure en expliquant que ce qui compte c'est le dialogue...

Une dame après la conférence m'explique, sans l'approuver, que le pasteur devait avoir interpelé la malade avec sincérité, voulant la faire progresser. Je lui réponds que je comprends fort bien et que si j'avais ce pasteur en face de moi je lui dirais qu'il est un "salaud" en toute sincérité et pour le faire progresser. Mais je lui dirais en mon nom et non au nom de "Dieu". La dame n'a pas semblé très convaincue.

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