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Le rupellien
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2 avril 2015

Amen

Il y a dix jours nous avons accompagné "Tatie Hélène" vers sa dernière demeure. Elle rejoignait "Tonton Roger" qui l'avait quittée trois mois auparavant. Même église, même prêtre sympathique, même impression de n'avoir rien compris et rien retenu de son homélie.

La première fois, il y avait les anciens combattants, des drapeaux, des médailles sur un coussin, tout un décorum... J'avais pensé que ce jeune ecclésiastique s'était obligé à un exercice oratoire compliqué consistant à faire le lien entre les textes bibliques et la 2ème DB. Mais pour ma tante, il n'y avait qu'une famille réunie dans la simplicité, prête à écouter respectueusement le message évangélique.

En sortant je me suis dit, raisonnant subitement en ancien séminariste du diocèse, que c'était vraiment dommage qu'un prêtre dévoué et aimable passe et repasse ainsi à côté de son sujet lors d'un des rares contacts que l'Église peut avoir avec un public plus large que le petit troupeau vieillissant des catholiques pratiquants. Je me suis demandé s'il fallait lui dire et, bien sûr, je ne l'ai pas fait. Je me suis surtout demandé ce que j'aurais dit de simple et d'authentique en la circonstance.

A l'origine de la foi chrétienne, il y a l'affirmation que Jésus est ressuscité d'entre les morts. Les récits des Évangiles nous rapportent la découverte d'un tombeau vide, le message d'un ange et des apparitions de Jésus lui-même, mais tout cela nous semblerait bien douteux et anecdotique si nos cœurs n'étaient pas touchés.

Ce récit ne constitue pas une énième consolation religieuse ou philosophique devant notre condition mortelle. Il ne vient pas répondre à cette impossible question de savoir ce qui nous attend après la mort : néant, paradis, enfer, réincarnation, purgatoire... Le Christ ressuscité ne nous parle pas de tout cela. Il vient cheminer auprès de ses amis dans la peine, relit avec eux l'Écriture, se fait reconnaître en prononçant un prénom, en partageant du pain, en grillant des poissons... Il apparaît avec les marques de sa passion, fait toucher ses cicatrices, rien n'est effacé mais tout est paisible. Il ne vient pas entraîner ses amis au-delà de leur existence vers un monde supérieur, il les renvoie à la vie qu'ils ont partagée ensemble, il leur dit : "le royaume est parmi vous", il leur demande de ne pas rester plantés là "à regarder vers le Ciel", il leur donne son esprit pour les envoyer à l'aventure dans le vaste monde. Il ne leur dit pas "je vous attends" mais "je suis avec vous et je serais toujours avec vous."

Ça peut paraître curieux : la résurrection du Christ ne nous parle pas de la mort mais de la vie. Elle nous dit que notre vie peut se dérouler sans que pèse sur elle le poids de la mort : de notre mort et peut-être encore plus de la mort de ceux que nous aimons. Quand celle-ci viendra, à son heure, nous avons cette espérance, tellement plus forte et plus vivante que toutes les mortelles certitudes, que Dieu n'abandonne pas ses enfants, qu'il vient les chercher et qu'il les prend auprès de lui. "Le Seigneur est mon berger... Si je traverse le ravin de la mort, je ne crains aucun mal".

Au moment où nous quittent ceux que l'on aime, c'est leur vie que nous célébrons et leur vie nous renvoie à la relation unique que chacun d'entre nous avaient avec eux. Non seulement cette relation ne meurt jamais mais elle continue de fleurir en nous et de porter du fruit jusqu'à notre propre mort.

L'amour est plus fort que la mort, il a vaincu la mort. Amen.

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