Nomadismes

Reprise du blog. Je disais à Franck hier que je commençais à m'inquiéter de tous ces messages "sérieux" que je poste en ce moment. C'est peut-être le signe d'une moindre attention au quotidien. Il n'y a quand même pas que Gaza et le football dans la vie !

Depuis ce matin, je suis "en bas" c'est à dire en clientèle. J'ai eu quatre clients. En fait cinq car mes amis Roms évangéliques sont venus à deux. Pour la première fois le fils venait avec son père. Deux gaillards un peu ronds en salopettes de peintres qui passaient sur leur pause pour acheter une Bible. Comme d'habitude notre conversation a démarré sur les textes bibliques, passant d'une référence à l'autre, avec cette attention au détail, cette recherche de profondeur, cette passion du sens que je ne connais que dans une autre communauté.

Qu'y a-t-il de commun entre les Juifs et les Roms ? A part la haine phobique que leur vouent certains sédentaires ? Est-ce que leur passion pour la Bible a quelque chose à voir avec leur itinérance ? Peut-être que ce livre a été écrit dans un esprit nomade. Il est vrai qu'Abraham, Moïse ou Jésus ne se sont jamais fixés longtemps quelque part. Le Dieu de la Bible est celui qui accompagne, le Dieu du désert, le Dieu des mots et du silence.

D'une certaine façon, le Royaume de Dieu ne s'adresse pas aux possédants. Ce n'est pas le fait de jouir d'une certaine aisance matérielle qui est ici en cause. Pensons à celui qui dans l'Évangile a enfoui le seul talent qu'il avait en garde : "le peu qu'il avait lui sera enlevé". C'est le fait de se penser en propriétaire de son être. D'être soi, de voir son être comme ayant sa propre nécessité.

Il est sûrement des peuples qui de part leur histoire ont un peu plus conscience de leur contingence et un peu plus le sens de la transcendance. La Bible semble avoir été écrite pour eux.