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Le rupellien
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1 juillet 2014

Un été quaker

J'avais une idée. J'avais une idée de blog. J'avais une idée et j'ai dit à Franck : "tient, je vais écrire un message que j'intitulerais..." J'avais une idée et je ne m'en souviens pas. Se coucher tard, ne m'a jamais réussi. Ça y est, je voulais écrire "un été quaker".

L'été est une période bénie où l'on peut "détendre l'arc" et revenir à l'essentiel. Mais ce qu'il y a de plus simple nous est si difficile. Quand on interroge Jésus sur ce qu'on doit faire pour avoir la vie éternelle celui-ci répond "d'aimer Dieu et son prochain". Comme d'autres rabbin de son époque, le maître de Nazareth sait que derrière ce double commandement dont Matthieu précise qu'il est unique, se cachent les multiples et très concrètes "mitsvot" de la Torah. "Aimer son prochain" c'est le genre de loi qui demande un nombre infinis de décrets d'application pour ne pas rester lettre morte.

Aimer Dieu et le prochain procède donc d'un même mouvement. Mais qu'est-ce qu'aimer Dieu ? Qu'est-ce qu'aimer Dieu concrètement ? Dieu, en général, on y croit ou on n'y croit pas, si on y croit, on peut éventuellement considérer que lui nous aime, mais pourquoi un commandement à l'aimer et comment s'y conformer ? La Bible précise encore qu'on doit l'aimer "de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa force". Mais surtout ce commandement semble plutôt la conséquence d'un autre : "Écoute Israël, Le Seigneur (est) notre Dieu, Le Seigneur est un. Alors tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ... " (Dt 6,4-5) On retrouve ici la même forme que pour le commandement de l'amour du prochain qui après une énumérations de lois bien concrètes concluait "alors tu aimeras ton prochain comme toi même". (Lv 19.18). Une forme grammaticale bien précise, souvent mal comprise par les traductions, donne à la conjonction de coordination un sens consécutif que j'ai traduit par "alors".

Aimer Dieu c'est donc d'abord "écouter" ou plutôt "entendre" c'est à dire chercher à comprendre une double réalité : Le Seigneur est le Dieu d'Israël et le Seigneur est un.

Cet "un" pose problème. Faut-il y voir la simple affirmation qu'Israël n'a qu'un Dieu, le Seigneur, qui exclut d'autres divinités ou faut-il considérer que cet "un" signifie l'unicité du Seigneur ? Dans le contexte d'avant l'exil à Babylone, on pouvait le comprendre comme une affirmation de la souveraineté du Seigneur (YHWH) sur Israël. La formulation est d'ailleurs inspiré des traités de vassalité assyriens. Mais comment un Dieu purement national se serait-il relevé de sa défaite et de la destruction de sa "maison" par les Babyloniens ? C'est donc bien l'interprétation universaliste et monothéiste qui s'est imposée d'où un extraordinaire paradoxe : c'est bien le Dieu d'Israël, ce peuple particulier écrasé et dispersé par les vicissitudes de l'Histoire qui se révèle comme l'Unique.

Ce paradoxe fondamental connaît pour les chrétiens une forme de concentration extrême dans le mystère de l'incarnation et dans le moment de la mort du Christ en croix. Dieu meurt abandonné de Dieu, l'être rejoint le néant.

L'amour de Dieu jaillirait en quelque sorte de la contemplation de ce mystère. Non pas d'une fierté nationale, où d'une fierté d'élus sûrs de leur salut, mais du souffle, de l'énergie, libérée sur la croix au cœur de l'être. La croix dont la forme même inspire la négation, l'arrêt, la fixité et la mort devient "rose des vents". C'est le même souffle qui dans la vision du prophète Ézéchiel circulait parmi les ossements desséchés de la maison d'Israël et leur redonnait vie. 'Am Israël Haï. "Le peuple d'Israël vit". L'homme qui prend conscience des "forces de l'Esprit" ne peut qu'aimer ce Dieu là qui l'habite comme il habite son prochain. Certains ne diront pas "Dieu", ils diront "liberté" mais peut-on dire qu'ils se trompent ?

Un "été quaker".

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