Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le rupellien
Le rupellien
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 7 335
Derniers commentaires
Archives
16 avril 2014

Secret story

J'ai regardé "secret d'histoire" sur Jésus : tous les "spécialistes" interviewés ont prêché le Jésus de leur chapelle, comme s'il était encore impossible de parler de Jésus d'un point de vue historique. Même Daniel Marguerat, qui était le plus intéressant, n'a pas pu faire autrement que de nous exposer un Jésus "protestant moderne". Il y a quelques années, Corpus Christi sur Arte avait été beaucoup plus audacieux. Certes, ce n'était pas le même format d'émission, mais surtout il y avait une approche beaucoup plus critique.

Je me demande pourquoi l'on craint à ce point d'approcher du Jésus de l'histoire ? D'une part, ça ouvre un espace à tous ceux qui veulent "délirer" sur le sujet, il y en avait d'ailleurs un beau spécimen dans l'émission, et, d'autre part, je ne vois pas ce que la foi y perdrait, au contraire. Discerner Jésus derrière les textes, c'est aussi, bien mettre en évidence ce qui appartient au langage de la foi et à la relecture de la communauté. Ce n'est pas moins inspiré que de prendre à la lettre un récit qui du coup vire à l'incroyable.

Quelqu'un qui expliquerait à ses amis qu'il est Dieu lui-même est une sorte de "fou" dans la vie normale. Peut-être que derrière cette difficulté à aller vers l'histoire, il y a en fait un problème christologique. En affirmant que Jésus était "vrai homme, vrai Dieu", la tradition théologique chrétienne a posé un problème quasi insoluble aux générations futures. Nous savons ce qu'être un homme mais pas ce qu'être Dieu. D'où le risque d'imaginer un Jésus "magique", extra-lucide, doté de pouvoirs surnaturels. Risque déjà présent dans la première tradition chrétienne, mais qui était limité par la culture "symbolique" des anciens. Avec la modernité ce contexte disparaît et il ne reste plus que le choix entre critique scientiste et science fiction. Cela vaut aussi pour les récits de création, le Déluge ou l'Exode.

L'application de critères d'historicité classiques élimine la plupart des extrapolations merveilleuses des textes. Se dessine alors qui fut Jésus sans que cela n'amoindrisse les possibilités d'interprétations qu'expriment le langage symbolique des Écritures et le langage théologique des conciles. J'ai même le sentiment que le personnage est encore plus intéressant quand il est mis en scène sans effets spéciaux. Dommage, qu'hier on n'ait eu si peu d'ouverture vers ce Jésus historique. Il y a peut-être un livre à écrire ou au moins quelques blogs.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité