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Le rupellien
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15 avril 2014

Dayéni !

Aujourd'hui c'est Péssa'h, la pâque juive. On a regardé la pleine lune en fermant les volets et on a pensé aux Enfants d'Israël sortant d'Égypte. Pas beaucoup aux Égyptiens comptant leurs premiers-nés morts, ce qui est un tort. C'est une histoire de lumière et de ténèbre que nous conte la Bible. D'ailleurs une multitude obscure monta avec le peuple d'Israël et tous les adultes de cette génération mourront sans voir la Terre Promise, Moïse et Aaron compris, à l'exception de Josué et de Caleb, le "chien" (clebs). Une histoire qu'on s'obstine à adoucir pour mieux la raconter aux enfants, parce que nous nous effrayons d'avance d'avoir à répondre à leurs questions. Or il n'est rien de pire qu'un enfant qui ne sait pas poser de question.

En me couchant après avoir laissé Franck contempler un temps encore le jardin éclairé par le petit luminaire, je pensais encore à la Sortie d'Égypte et je m'étonnais de la comprendre aujourd'hui d'une manière si ancienne et si nouvelle à la fois. Le Dieu qui se révèle dans cette histoire est celui qui "fait sortir de la maison des esclaves" (Ex. 20,1). Il est aussi celui qui créé l'homme dans sa liberté, la sienne et la nôtre. L'Ex-ode (le chemin qui mène dehors) rejoint l'ex-istence (le sortir dehors) ou encore le "pars" d'Abraham (Gn 12,1) qui s'écrit mot-à-mot "vas pour toi".

Ce "pour toi", jamais je ne l'ai entendu comme aujourd'hui. Non comme la recherche absurde d'un "soi", pourquoi pas d'un "soi-même" dont nous ne cessons de sortir et que nous abandonnons comme une mue années après années, mais comme un projet toujours vivant, toujours réinterprété quelque soit le moment et la situation. Il m'a falu être dépouillé au sens propre pour m'en rendre compte ! On ne peut pas éviter certains passages. Comme dit le psalmiste émerveillé : "Par la mer passait ton chemin, tes sentiers, par les eaux profondes" (ps 76). Ou peut-être comme l'écrivit Montaigne :"qui a appris à mourir il a désappris à servir".

Aujourd'hui c'est Péssa'h, je suis un homme, "Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui " (Sartre, "Les mots") Dayéni !*

 

* Dayéni : "ça me suffit". A Péssa'h, un célèbre chant énumère dans l'ordre 15 actions extraordinaires de Dieu envers Israël et à chaque fois le refrain reprend "Dayénou" "ça nous aurait suffit" faisant monter crescendo la louange.

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