Dure prise de conscience
Cette année, il est facile de compter les jours avant Pessah, la pâque juive. Il se trouve, en effet que le calendrier juif concorde avec le calendrier civil. Le 10 avril 2014 est donc le 10 nissan 5774. Chaque jour depuis le 1er, j'essaye de me préparer à ce rendez-vous en m'interrogeant sur trois "T" : Téchouvah (retour - conversion), Tsedaqah (justice - aumône) et Téfilah (prière). Pas facile. Si j'avance doucement sur la question de la téchouvah et de la téfilah, je me rends compte que la tsedaqah est dans un angle mort, comme invisible.
Quand j'avais quelques revenus, je donnais. A vrai dire, ça ne me coûtait rien et je pouvais ranger fièrement mes reçus fiscaux. J'avais un budget pour la paroisse complété par quelques oeuvres choisies pour la bonne cause qu'elles représentaient chacune. Je ne m'enorgueillissais pas d'ailleurs outre mesure d'une générosité qui ne touchait que la "graisse", le superflu, et je le savais. J'avais plutôt une démarche militante. Aujourd'hui, alors qu'un don taperait directement dans l'os de la dette, je ne me demande même pas si je dois donner et, quand je vois la collecte de la banque alimentaire installée à la sortie d'Intermarché, j'ai envie de me servir. Il semble finalement que je n'ai aucun sens de la tsedaqah.
La solution ne consiste certainement pas en un petit don ce qui reviendrait juste à miniaturiser mon attitude précédente. Il me faudrait plus profondément repenser cette idée de "justice" qui passe par un don réparateur... Comment pourrai-je prendre ma part à ce rééquilibrage essentiel au sein de l'humanité ? Il faudrait que je commence par m'interroger sur les injustices que je côtoie au quotidien et sur la manière dont je peux agir. J'ai conscience que l'on ne peut pas seulement bien s'occuper de soi-même et de ses proches. Je m'afflige de n'en être que là.
Kyrie Eleison.