Chercher la petite bête

La fin de semaine a été tranquille et ensoleillée. Elle avait pourtant démarré par une course poursuite matinale avec un intrus. Depuis quelques jours nous savions la maison visitée : voulant attraper une concordance dans le bas de la Bibliothèque du salon, j'avais découvert, sur la tranche supérieure des mes outils bibliques, un chapelet de crottes de souris toutes fraîches. Un rat de bibliothèque probablement. Comme un vieux conduit d'évacuation des eaux débouchait juste derrière, nous avons soupçonné la bête d'avoir gratter la bourre et de s'être frayé un passage.

Le lendemain, de nouvelles traces de passage étaient visibles et nous conduisaient vers une vieille boîte de croquettes pour chats qui avait été bien entamée. Nous passons la cuisine au peigne fin pour éliminer toutes tentations et nous rebouchons le trou. C'est samedi matin, qu'en me dirigeant vers les toilettes, je me retrouve "pieds nus à nez" avec un rat en train de déchiqueter un sachet vide de parmesan. Nous nous sommes regardés un instant visiblement autant surpris l'un que l'autre, puis l'intrépide rongeur, comprenant qu'il n'avait pas d'autre issue, a foncé vers moi et a filé vers le salon.

L'ayant perdu de vue, je vérifiais que le trou était toujours bouché, ce qui était le cas. J'expliquais la situation à Franck qui avait accouru. Vu le nombre élevé des cachettes possibles, nous décidions de ne pas nous lancer tout de suite à la recherche de notre hôte et c'est en prenant mon café que je vis sa tête dépasser entre le canapé et le range-journaux. Il cherchait, lui aussi à avoir un aperçu de la situation. J'isolais immédiatement la zone et j'ouvrais la porte-fenêtre pour permettre une sortie de crise honorable pour tous les belligérants.

Soulevant le canapé avec des cales en bois, je pouvais désormais y glisser un balais. Voyant son espace vital se réduire de plus en plus, le rat bondit. Mais au lieu de fuir vers le jardin, il repart vers les toilettes. Toutes les portes ayant été fermées préventivement, je me retrouve à nouveau en face de l'envahisseur mais cette fois je l'accule dans un coin avec mon balais dont je me sers avec la frénésie d'un joueur de curling. Le rat parvint quand même à se faufiler et, cette fois-ci, choisit de prendre la clef des champs.

Je retiens de cette aventure l'impression d'avoir eu affaire à un animal intelligent et j'éprouve presque un regret de l'avoir chassé comme un mal-propre. Il n'avait pas l'air bien méchant.

Comments

[lerupellien]

Pas très gros, une quinzaine de centimètres, tout gris avec un museau pointu et des petits yeux ronds. C'était peut-être le rat Melkisédek car il a montré une certaine attirance pour la Bible.

[babetinternaute]

De quelle taille, le rat ? Dans "Petite Princesse", un des livres qui ont bercé ma jeunesse, l'héroïne apprivoise un rat qu'elle appelle Melchisedek, je crois, et qui est très sympathique. Tiens, j'ai envie de le relire... "ils" en ont fait, bien sûr, un dessin animé, mais ça n'a rien à voir ! Dans une autre vie, j'aimerais bien apprivoiser un corbeau, aussi, mais à vrai dire, au cours de mes promenades, on a plutôt tendance à s'injurier mutuellement.