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Le rupellien
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23 janvier 2014

Blasphème

J'ai en projet une réflexion un peu ironique et forcément injuste sur l'éthique des chrétiens dont le titre pourrait être : "un peu en-dessous de la moyenne". L'idée c'est que les chrétiens, en général, ne sont ni meilleurs, ni pires que les autres mais que se croyant, en général, un peu meilleurs, ils s'avèrent, en général, un peu pires. Ce qui est "méchant" c'est le "un peu". Dire que les chrétiens sont tout à fait comme les autres où, au contraire, tout à fait différents c'est parler d'eux comme des gens intègres. Or dans le petit haussement qu'ils s'accordent vis-à-vis d'autrui, il y a une petite bassesse. Et il n'est de bassesse que petite et de haussement que bas, tandis qu'un abaissement total comme celui de Jésus est une pure exaltation.

Je précise à ce niveau de la réflexion que je ne vise personne en particulier et que je ne m'exclus pas de la critique. Je dirais même que je me la destine prioritairement. Je dois maintenant justifier les trois étapes de mon raisonnement : pourquoi les chrétiens sont-ils comme les autres ? En quoi se pensent-ils un peu au-dessus ? Et comment cette pensée les place-t-elle un peu en-dessous ?

1) Du point de vue éthique les chrétiens sont comme les autres, car ils sont, comme les autres, condamnés à être libres. Comme tout le monde, ils sont soumis au jugement de leur conscience et, de ce point de vue, nul ne peut se hausser par rapport à autrui.

2) La plupart des chrétiens voient en Dieu l'auteur d'une loi, soit à travers sa création, la loi sera alors qualifiée de "naturelle", soit à travers la révélation. Même si cette loi "extérieure" doit être vécue intérieurement, c'est à dire après une adhésion libre, même si elle révèle à son destinataire l'humilité de sa condition pécheresse, elle n'en constitue pas moins un savoir dont la simple possession imparfaite donne la possibilité de juger les choix d'autrui.

3) Mais cette loi extérieure ne repose sur aucune forme de connaissance objective, même et surtout quand elle se présente comme "naturelle". Faute de reconnaître le caractère subjectif et libre de toute loi que l'on se donne, on tombe alors dans une forme de "mauvaise foi" qui vient gâcher toute vie vertueuse.

La plupart des chrétiens se sentent seulement "un peu" supérieurs aux autres hommes car bien que détenteurs de la vérité, ils connaissent leurs profondes limites et les qualités des autres. En réalité, ils leurs sont seulement "un peu" inférieurs car bien que de "mauvaise foi", ils sont néanmoins confrontés dans leur propre tradition à une loi de liberté.

C'est le paradoxe d'une religion fondée par une victime de la religion, d'une institution créée par des charismatiques, d'une loi qui critique la loi, d'une raison qui se présente comme folie. Et si la ressemblance avec Dieu que l'auteur du premier chapitre de la Genèse revendique pour l'homme, était cette liberté qui permet de créer à partir du néant ? Et si l'homme existait ? Et si la création et la révélation étaient les lieux de notre liberté ? Non ce qui détermine, mais ce qui permet de se déterminer.

Les prophètes de la Bible ne cessent de casser le cadre moral, social et religieux dans lequel le peuple voudrait trouver son assurance et "l'évènement Jésus" représente une sorte de subversion totale, un renversement des positions de l'homme et de Dieu. C'est troublant. Du haut de la Croix qui est un plus bas de l'humanité, croix plantée sur une tête de mort, Dieu fait signe à l'homme, à travers un homme, dans la faiblesse de Dieu comme celui qui a besoin de la force de l'homme, de sa liberté. Les pharisiens ne s'y trompent pas : "cet homme blasphème ! "

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