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Le rupellien
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22 janvier 2014

Le bon numéro

A chaque fois que je me rends à l'hôpital, j'en profite pour observer mes congénères. C'est bien plus intéressant que dans une gare par exemple ou chacun se trimballe ses bagages et se propulse vers une destination. Ici ça sent "le terminus tout le monde descend". Dans les couloirs, il y a un curieux mélange de légèreté et de gravité. D'un côté le corps médical, jeune beau souriant, déambulant nonchalamment chaussé de crocs multicolores et flottant dans des tenues blanches qui semblent si légères comme posées sur eux. De l'autre, des regards inquiets, des femmes généralement, debout où assises dans les halls, avec leurs téléphones vissés à l'oreille : "le médecin a dit que..."

J'attends aux admissions avec mon ticket. J'observe les autres et j'essaie de deviner pourquoi ils sont là. Je comprends pourquoi il y a sur le sol des "seuils de discrétion". Derrière l'un des six guichets, il y a un beau jeune homme qui semble particulièrement empathique. Une chance sur six. Gagné ! Je repars avec mes "étiquettes". Je compte sur la feuille 20 codes bar avec mon nom et trois grands autocollants avec toutes les informations que j'ai fournies. Tout en gravissant l'escalier en signe de bonne santé et aussi parce que j'ai rendez-vous au premier étage, je me dis que je ne peux pas avoir 20 examens à passer et que ce genre de feuille doit être standard.

Effectivement, je n'ai eu qu'un petit électrocardiogramme après une courte attente devant des affiches de prévention, des coupes du coeur en rouge et bleu et une pile de magazines que toutes sortes de malades avaient feuilleté. De quoi dissuader de prendre des nouvelles du Prince Harry souriant en couverture. La cardiologue n'avait pas mon dossier. Je lui répète donc de mémoire ce qu'on m'a dit lors de mes précédents examens. A chaque fois, je n'avais rien d'allarmant mais comme j'étais diabétique, il valait mieux faire un nouvel examen plus approfondi. Mon électro est bon, ma tension parfaite, et je n'ai aucun signe d'angine de poitrine. Mais, le diabète peut rendre insensible à la douleur symptomatique dans la cage thoracique. Nous allons donc faire un nouvel examen, plus approfondi, pour "en avoir le coeur net" ajoutai-je pour montrer à la jeune spécialiste que son patient avait de l'humour. Elle n'a pas souri.

Une coronarographie. Pas facile à dire. Ma cardiologue m'explique en mimant le geste sur son poignet, qu'on entre par là un cathéter sous anesthésie locale qu'on remonte jusqu'au coeur, qu'on regarde si la coronaire va bien et dans le cas contraire qu'on y dépose un "stent". Si j'entre un lundi matin, je ne passerais qu'une nuit à l'hôpital. Elle vérifie son planning, elle a de la place ce lundi. Elle m'averti qu'il existe des risques minimes dont je devrais prendre connaissance et m'expédie vers le secrétariat.

La secrétaire est désolée : elle n'a pas de place en "HPDD". Je lui dis que ce n'est pas moi qui est fixé la date mais le docteur T. Oui, mais je n'ai pas de place en "HPDD". Elle décroche son téléphone : "Charlotte, je suis avec M. Delobel que tu as vu, lundi je n'ai plus de place en "HPDD"..." On me propose le lundi suivant, rendez-vous à 7h30 en "HPDD". En partant, j'ose une question : "c'est quoi 'HPDD' ?" - "Hôpital courts séjours". En redescendant, vers les admissions, je cherche le rapport entre "H.P.D.D" et "Hôpital Courts Séjours " et je reprends un ticket pour les admissions. Je calcule que si je repasse avec le beau jeune homme du guichet 4, j'aurais eu une chance sur 36 ! Puis je me plonge dans la page d'explications des risques que je dois dater et signer.

 0,8 décès pour 1000 : çà ne fait pas tout à fait un mort. O,6 paralysie et 0,3 infarctus, pas de quoi s'inquiéter. Moins de 1% de complications c'est toujours pas "un". Le texte précisait que ces résultats avaient été élaborés à partir d'un grand nombres de cas. Partant du principe qu'un infarctus ne peut pas arriver à 30% d'une personne, je multiplie par 3 et des poussières mais j'aboutis alors à 2.5 morts. On peut dire que quelqu'un est à "demi-mort" mais ce n'est pas très scientifique. je recommence l'opération et je me rends compte qu'un échantillon de 6500 personnes, permet, en arrondissant un peu, de dé-fractionner les êtres humains bien unitaires qui se cachent derrière la statistique. Ainsi pour 6 500 interventions pratiquées : 5 patients sont décédés, 4 sont restés paralysés et 2 ont fait un infarctus, un peu moins de 65 ont fait des complications. A ce moment précis de mes calculs, mon numéro fut appelé : guichet 4 !

 Dire qu'aujourd'hui je compte jouer au loto : un chance sur 14 millions. 14 un très bon chiffre çà, histoire de conjurer le sort.

PTCA_stent_NIH

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