Lumen fidei

Jeudi 24 octobre. Je sèche la réunion des centristes consacrée à l'écologie. Motif : conférence au centre Souz*y pour cloturer l'année de la foi. Ce centre culturel catholique qui abrite aussi la bibliothèque diocésaine porte le nom d'un prêtre héroïque : Jean-baptiste Sou/zy. Il fut déporté avec des centaines d'autres prêtres réfractaires sur une île au large de Rocaforte à l'époque de la Révolution. En cette soirée, c'est un franciscain, auteur prolifique, 43 livres dont deux cette année, qui venait nous parler des "défis de la foi dans une nouvelle cu°lture". J'avais commandé une dizaine d'exemplaires du dernier titre du monsieur, un livre sur la foi justement, illustré par une parabole, plus précisément par la photo d'une antenne parabolique émergeant d'un champ de colza. On est moderne où on ne l'est pas...

Il commença son speech. Débit régulier, sans pause, récitation de banalités entre la leçon de catéchisme et le sermon pieux, avec de temps en temps de courts moments d'exaltation où le mot "amour" était prononcé avec un effet de voix typique des prédicateurs. Le franciscain ne regardait jamais l'assemblée constituée d'une cinquantaine de retraités luttant contre l'assoupissement. C'était comme s'il lisait son texte sur un prompteur inséré sous ses paupières baissées. Assis au fond de la salle près de ma table de libraire, je décidais d'empêcher mon cerveau de se dissoudre en guettant la moindre interrogation dans le discours. J'avais saisi un carnet et un stylo au cas où. Quand notre orateur eut fini, la page était toujours blanche. Il s'adressa à la salle sans conviction pour demander s'il y avait d'éventuelles questions...

Mon amie l'abeille lui demanda ce qu'il entendait par "nouvelle culture" puisque c'était le sujet de la conférence après tout. Il parut embarassé, évoqua l'informatique avant de retourner la question à l'assistance : "et pour vous c'est quoi la nouvelle culture ?" J'hésitais à mettre mon grain de sel, mais pour éviter de perdre un temps précieux de vente et pour rentrer à la maison avant le début de "Borgen" je m'abstenais. J'ai quand même réussi à me débarasser de quatre exemplaires promis à une dédicace immédiate. L'auteur semblait déçu qu' "on" est fait un si faible "score". Je n'ai pas su quoi lui répondre.

Je suis rentré à temps pour le feuilleton. La soirée ne fut pas entièrement perdue.