Sauve qui peut ...

On a du mal à réaliser. Il faut dire que l'ambiance n'y est pas. Mais nous pouvons désormais nous marier. Rien que ça ! On aurait dû faire la fête comme un soir de coupe du monde mais on a fait chauffer un reste, délicieux d'ailleurs, de filet mignon avec des petits navets et on a terminé par des fraises plantées dans un faux gervita en regardant I TV. C'était bien quand même. Je pense aux jeunes homos, hommes ou femmes qui peuvent imaginer fonder des familles, pour nous c'est un peu tard. Nous, nous avons pu nous aimer sans nous couper des autres, ce qui n'était pas le cas pour beaucoup de nos prédécesseurs. Les opposants qui trépignent seraient-ils prêts à supporter pendant trois générations d'être privés des droits qu'ils nous contestent ?

Comment verra-t-on tout cela dans quelques années ?

Nous avons prolongé lundi par mardi. Le moral de Francus remontait au fur et à mesure que les piles de papiers administratifs diminuaient. Pendant ce temps-là, je siégeais au rez de chaussée et je faisais parler les clients sur tout un tas de sujets. J'ai même servi un thé à une dame qui fut la première à oser s'asseoir à l'une des tables débarrassées au centre de la librairie. Si nous fermons ce sera la fin d'un des rares lieux où l'on pouvait parler dans la ville. Je profite de cet espace encore ouvert pour soigner la popularité de ceux qui veulent le fermer. Ce n'est pas difficile d'ailleurs tant ils sont peu appréciés par leurs propres paroissiens. Toujours pas de nouvelles du rapport sur la situation qui devait être remis à l'épiscope en janvier. J'ai demandé un rendez-vous mais là aussi j'attends.

Demain nous avons le GAF (groupe d'approfondissement de la foi). Le sujet est "le salut chrétien". Ce n'est pas une manière de lever le bras. Je résumerais la problématique ainsi : le christianisme peut-il sauver ou faut-il se sauver du christianisme ?