La Croix

Vendredi saint. Pour nous les quakers, il n'y a pas de jours saints, même pas le dimanche. C'est que tous les jours sont saints car il y brille la "inlight", la lumière intérieure, et "chaque heure à sa clarté". Mais, quand même, c'est le jour où tous les autres chrétiens font mémoire de la croix du Christ. Alors pourquoi ne pas s'y arrêter un peu ?

La croix représente ce qu'il y a de pire dans l'humanité : le rejet, l'injure, l'injustice, la torture, la mort, l'indifférence et l'oubli. La croix détruit toute nos valeurs et ramène l'existence à l'absurde d'où elle n'aurait jamais dû être tirée. Paradoxalement c'est sur ce fond de néant qu'émerge la valeur, l'indestructible, l'amour.

Pour le quatrième Évangile c'est sur la croix que Jésus "remet l'Esprit". En ce moment précis l'éternité "tangente" le temps. L'évènement le plus singulier et le plus existentiel de la vie d'un homme, d'un "être pour la mort" se fond avec le mouvement le plus universel : le don de l'Esprit de vie à toute la création.

On ne peut que contempler en silence.