Mercato

En ce moment je me lève tôt. Je suis tiré du lit bien avant l'aurore. Je ne pense à rien de particulier mais mon esprit est agité. Je ne vois qu'une cause à ce manque de sérénité : j'attends de savoir si ma demande de réintégration à Notre-Dame de Sion aboutira. Et pourtant, théoriquement, ça m'est égal.

En matière d'égalité, il faut quand même faire la différence entre un zéro-zéro après prolongations et un trois-trois à la mi-temps. Or avec mon ancienne école, il y a eu beaucoup d'action et de passion. Si aujourd'hui, le score final m'est relativement indifférent, c'est que je joue désormais dans un autre club, une pauvre librairie certes, mais où je suis titulaire à chaque match. Alors pourquoi ai-je demandé à retrouver mon ancienne équipe ?

Le public, c'est à dire les jeunes, me manquaient et puis un "même pas smic" frais déduits c'est quand même plus sérieux qu'un "même pas seuil de pauvreté" sans frais. Quand j'ai appris que la moitié des joueurs s'étaient révoltés et que l'entraîneur avait été copieusement injurié dans les vestiaires, ça m'a fait quelque chose et j'ai trouvé que ce n'était pas juste. Pourtant, entre l'entraîneur et moi, on était loin du "un partout la balle au centre".

Et puis j'ai pensé aux copines qui on subit courageusement ce climat pourri et la saison qui va commencer où elle seront réduites à se faire des passes à deux dans un stade à moitié vide. Alors, je me suis surpris à m'imaginer à nouveau sur le terrain, avec elles. J'ai écrit à l'entraineur, je lui ai dit mon désir, mes regrets et c'est juste. Je me suis dit que quelle que soit sa réponse ça serait bien.

Maintenant j'attends avec les deux maillots accrochés dans mon bureau : "En avant le Puits de Jacob" et " l'olympique Notre-Dame de Sion". C'est pour les regarder que je me lève tôt.