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Le rupellien
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26 avril 2014

Plus qu'un détail de l'histoire

[Le texte fait allusion à la réaction de mon ami Guy Emmanuel sur FaceBook]

Petite mise au point sur mon blog d'hier. J'ai été un peu honteux, je dois bien l'avouer, de faire sa fête à Saint Louis le jour de l'anniversaire de son baptême. C'est un peu moche de ma part et j'espère que tous ceux qui ont de bonnes raisons d'aimer ce roi ne m'en veulent pas trop. De ce point de vue, comme l'écrit Guy-Emmanuel, j'ai bien baissé !

Deuxièmement, je n'étais pas en manque de sucre, mais lors d'une insomnie, j'avais lu le dossier du CRIF concernant la fameuse pièce jouée à La Rochelle l'an dernier. Quand je tombe au petit-déjeuner sur l'histoire de Saint Louis, ça a forcément créé une forme de connexion dans mon cerveau "malade" et fatigué. Alors, d'une certaine façon, j'ai tiré à vue. Comme le dit Lino Ventura dans les Tontons Flingueurs : "Je ne dis pas que c'est juste, mais ça soulage."

Troisièmement, et là je tire mon chapeau à Guy-Emmanuel, mon amour immodéré pour les Bné Israël me pousse effectivement à faire entendre un autre point de vue sur l'histoire de France. Je trouve passionnant, en général, la façon dont les différents groupes qui constituent une nation ont une mémoire différente des évènements. On le comprend quand, alors qu'on commente la Bible au mauvais endroit dans le Saint Sépulcre, on voit débouler un pope furieux comme si vous veniez de redéclencher la quatrième croisade. Ou encore quand au détour d'un texte du théologien calviniste Karl Barth vous entendez citer les grands tyrans de l'histoire : "Néron, Louis XIV et Hitler ". J'ai moi-même fait mes études au lycée "Hoche" à Versailles et on n'imagine pas Philippe de Villiers baptiser ainsi un collège de Vendée. De Villiers qui dans le "Roman de Saint Louis" ne souffle mot du sort des Juifs.

C'est la mosaïque de ces points de vue qui me semble passionnante, même si cela n'empêche pas une histoire rationnelle et toutes les nuances qui vont avec. L'histoire des Juifs en France a été largement occultée et c'est vraiment dommage. Ce n'est pas seulement une série de persécutions mais aussi l'expression d'une richesse particulière de notre pays qui peut participer à notre fierté nationale.

Nos ancêtres les Juifs ! On peut penser que certains règnes auraient été moins longs et glorieux si il n'y avait pas eu d'excellents médecins juifs à la cour. C'est extraordinaire de réaliser que le plus vieux lexique de notre langue se trouve dans le commentaire de la Torah de Rachi de Troyes et que les mots de franco-champenois y sont écrits en alphabet hébraïque ! Je ne parle pas de ces éditeurs provençaux qui importèrent tout un vocabulaire scientifique arabe, de ces marchands narbonnais qui étendaient leurs réseaux commerciaux jusqu'à Canton bien avant Marco Polo et qui servaient d'ambassadeurs à Charlemagne auprès du calife Haroûn ar-Rachîd. Ils servirent à remplir les caisses des capétiens qui agrandissaient le royaume. Même les interdits dont on les frappait montrent que loin de repousser, ils attiraient. Que dire de l'apport économique, social, politique, scientifique, artistique de cette communauté émancipée dans la France moderne ?

Mais ce que le chrétien que je suis ne perd pas un instant du regard c'est un judaïsme qui est sa racine vivante et sans lequel il serait lui-même en péril spirituellement. Un saint Louis ou un Luther montrent l'ambivalence du christianisme envers son frère aîné. Là ou un roi peu scrupuleux et peu religieux, se contenterait de les exploiter pragmatiquement, un homme habité d'une foi ardente, voit dans la synagogue une aveugle spirituelle à éclairer et si elle refuse cela provoque en lui une incompréhension qui peut se muer en violent rejet.

l'occasion peut-être de rappeler le rôle essentiel que joua Jean-Paul II pour la compréhension du judaïsme par les chrétiens : Synagogue de Rome en 1986: "vous êtes nos frères préférés et d'une certaine manière on pourrait dire nos frères aînés", et à Mayence en 1980 : "le Peuple de Dieu de l’ancienne Alliance, une Alliance qui n’a jamais été dénoncée par Dieu". C'est bien du mystère même de l'Église que celle-ci envisage Israël : "Scrutant le mystère de l’Église, le saint Concile rappelle le lien qui relie spirituellement le peuple du Nouveau Testament à la lignée d’Abraham." Vatican II.

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