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Le rupellien
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1 avril 2014

Le mois de la liberté

Aujourd'hui, c'est le Roch H'odesh (h' à prononcer comme la jota), le nouveau mois hébraïque qui correspond à la nouvelle lune. Nous sommes donc le premier nissân qui était, à l'époque biblique le premier des mois. On le considère encore comme "le nouvel an des rois" car il servait à compter les années des règnes.

C'est le mois de Pessah' ou Pâque, qui a lieu le 15. Malheureusement, un empereur chrétien qui a fait bouillir sa femme et égorgé son fils, a décidé vers 325 de séparer la date chrétienne de Pâques de la date juive. "Nous ne voulons plus rien avoir en commun avec le peuple juif" avait déclaré ce saint homme. Les chrétiens fêtent donc Pâques, la plupart du temps, le dimanche qui suit Pessah'. Il y a parfois un mois de décalage.

Pour ma part, je considère que le premier nissân est le début joyeux de la montée vers Pâques. Il me semble en effet que 15 jours représentent une durée suffisamment longue et suffisamment compacte à la fois pour s'y préparer. Au contraire d'un interminable carême ascétique, elle se rapproche des "jours redoutables", ces dix jours d'automne qui ouvrent l'année juive. Tendus entre le rappel joyeux et solennel de notre création, Roch ha Chanah (1er de l'an) et le pardon de Dieu, Yom Kippour (10ème jour), ils nous ramènent à l'urgence et à l'inquiétude qui caractérisent notre existence. Urgence et inquiétude salvifiques.

Dans le premier chapître de la Genèse, l'acte créateur de Dieu, est exprimé à l'aide des verbes "dire", "créer", "faire" et "séparer". Le verbe "créer" est particulier car il n'est attribué qu'à Dieu dans la Bible. C'est celui qui est employé pour le Ciel et la Terre et pour l'homme, créé mâle et femelle en même temps. Ce verbe semble désigner le mode de création parfaitement souverain et libre de Dieu qui fait jaillir l'être du néant, ex-nihilo. Il n'obéit à aucun plan préétabli et rend caduque l'image d'un Dieu artisant qui façonnerait l'homme en fonction d'un modèle auquel il devrait se soumettre. Notre existence est sans raison.

C'est dans cette pure liberté et à son image que nous sommes créés. Le présent ici exprime l'idée que la création n'est pas un acte du passé mais un acte qui ne cesse de se produire au coeur de l'être. Et paradoxalement, cette création introduit sans cesse au centre de l'être, la liberté, la conscience, donc le "non-être", le "néant" d'où nous sommes tirés. L'image qui conviendrait le mieux pour désigner ce Dieu créateur serait celle de la Mère ou du Père qui "jettent" un être au monde, sans autre bagage et autre raison que l'amour déraisonnable. Ce qui n'est pas "rien" !

En faisant mémoire de cet amour et de cette liberté, le croyant se trouve placé devant la responsabilité totale et sans excuse de sa vie. Il est certainement tenté de vouloir la fuir en se fabriquant des idôles qui sont bien plus concrètes et rassurantes que le Dieu qui l'abandonne à sa liberté. A moins qu'il ne choisisse de se saoûler et de se divertir. Mais revenant à la source de son être, réveillé par le son du Chofar (corne de bélier dont on sonne à Roch Ha Chanah et à Yom Kippour), l'homme est placé devant le chemin qui "monte" vers sa liberté, le chemin sur lequel Israël "monte" d'Égypte, le chemin sur lequel Jésus "monte" vers Jérusalem.

C'est un chemin qui ne peut se parcourir que dans la miséricorde, l'amour maternel de Dieu. Sans lui nous ne pouvons pas regarder notre "péché" en face et nous cherchons les boucs émissaires de notre être. C'est sur ce chemin que je vous propose de méditer pendant ces 15 jours.

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