Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le rupellien
Le rupellien
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 7 335
Derniers commentaires
Archives
5 mars 2014

Carêment trop long !

Comment compter ? 46 jours entre les Cendres et Pâques moins six dimanches, parce que c'est dimanche, égalent 40 jours. Chez les catholiques : six vendredis, plus le Mercredi des Cendres et le Vendredi Saint, soient 8 jours de jeûne et/ou d'abstinence. On veut "coller" au 40 jours que Jésus passa à jeûner avant de commencer son ministère public, qui faisaient eux-mêmes écho aux 40 ans du séjour au désert des Enfants d'Israël. Mais pourquoi donc ?

Comme beaucoup d'institutions chrétiennes actuelles, le carême remonte au IVème siècle au moment où l'empire organise l'Église et veille, en particulier, à bien la distinguer du judaïsme. On décide que la date de Pâques ne coïncidera plus avec le 15 Nissan et qu'il ne faut pas chômer le samedi sous peine d'anathème ; ce qui montre qu'il y avait encore des "judéo-chrétiens" à anathématiser.

Dans l'Écriture, il est question de jeûner "le jour où le Fils de l'Homme vous sera enlevé" et aussi, bien sûr, le jour de Kippour qui conclut les "10 jours redoutables". Cette période qui correspondrait bien au carême chrétien car elle est destinée à renforcer trois pratiques en "T":
- La Téchouvah ("conversion" qui comprend un impératif de réconciliation),
- la Tefilah (prière)
- et la Tsedaqah ("justice" qui suppose un partage des richesses).
On trouve d'ailleurs un enseignement de Jésus sur ces sujets dans le "Sermon sur la montagne" au chapitre 5 et 6 de Matthieu. En allongeant la sauce, - l'image est malheureuse aujourd'hui - le christianisme n'a-t-il pas perdu de la saveur, de la force et de l'urgence des jours redoutables ?

Une amie qui connaissait bien les pratiques juives et catholiques, me disait il y a quinze ans déjà que les "jours redoutables" lui semblaient plus "humains" qu'une période "interminable de 46 jours". On se dilue moins. Le son du Shofar (corne de bélier) qui ouvre et qui ferme cette période exprime l'éveil, l'alerte et l'urgence. Je pense en particulier à la hâte de se réconcilier, de demander concrètement pardon à autrui qu'on trouve explicitement dans l'Évangile. C'est une démarche qui demande un minimum de temps mais aussi une forme de date "butoir".

Il y avait, dans une lourde contrainte alimentaire imposée à toute une population sous peine de mort, faut-il le rappeler, une volonté politique. Le régime décide du régime. On a aussi invoqué des raisons économiques : la volonté de préserver les vivres à la fin de l'hiver. Dans les deux cas, la durée s'expliquait bien. Mais qu'est-ce que le chrétien d'aujourd'hui peut bien en faire ? Un exploit physique ? Pire, spirituel ? Ou alors un carême en pointillés, un vague carême ?

Je pense que l'abandon du carême tient beaucoup à la perte de sa dimension collective identitaire. C'est pourquoi il demeure assez vivant dans les communautés religieuses. Comme laïc chrétien pas spécialement religieux mais soucieux de christianisme vécu, je me demande comment vivre un temps "sensé" pour intensifier la démarche de conversion, de prière et de justice. On ne peut pas "judaïser", c'est une forme de confusion malsaine. Ça n'empêche pas une communion spirituelle avec nos frères aînés au moment de Kippour. Voici ma solution personnelle :

Le Vendredi Saint est pour nous comme le moment où le grand prêtre par excellence passe dans le Saint des Saints, il en déchire même le voile. Si l'on compte 10 jours avant cette date, on tombe le mercredi de la 5ème semaine de carême. Nous disposons alors de dix jours d'une grande densité pour "nous convertir et croire en la bonne nouvelle".

Publicité
Publicité
Commentaires
T
J'ai appris plein de choses grâce à toi !<br /> <br /> et je trouve pour ma part la pratique des 3T intéressante . <br /> <br /> Cette densité comme tu dis, peut être l'occasion d'une "révélation " <br /> <br /> Le tout est de "rentrer en relation profonde avec son Père" - <br /> <br /> je crois que le jeûne et la prière - ces moments mis à part - si peu vécus d'ailleurs actuellement, servent à ça - Rester près du Père et créer un moment "inoubliable"de métamorphose profonde - C'est un pari qui engage - une soif intense du Dieu vivant.<br /> <br /> Alors , si on comptait les 10 jours?
Publicité