Et la mairie brûla

Il était un peu plus de 14h quand une clameur s'est élevée de la rue suivie presque immédiatement par la sirène des pompiers. En me penchant de la fenêtre du bureau, j'aperçois le toit de la salle des mariages de la mairie, bijou de la renaissance, qui fume. La grande échelle télescopique se déploie avec deux hommes casqués comme des playmobiles au bout, dans la nacelle. La fumée est désormais impressionnante mais aucun feu n'est encore visible. La foule, brandissant ses téléphones portables en guise d'appareils photo ou de caméra, est partagée entre l'excitation et la consternation. Mais pourquoi la lance à incendie n'est-elle pas déjà en action ? L'eau jaillit en même temps que les flammes.

D'un coup, le brasier de la charpente du XVème siècle se révèle. Les flammes montent dans des volutes de fumée qu'elles éclairent obscurément. Une forte chaleur se dégage et vient irradier les visages des spectateurs. On pense aux deux playmobiles qui doivent fondre au bout de leur échelle en tentant de diriger un jet qui se transforme instantanément en vapeur. La lutte avec le feu est décidément inégale et perdue d'avance. En quelques minutes l'ogre igné dévore la toiture et s'apaise faute de nourriture. Un squelette noir se dresse dans le ciel subitement bleu de Rupella.

La police, enfin arrivée en nombre, fait refluer la foule qui de toute façon avait commencé à partir, résignée. Chacun a désormais sont portable vissé sur l'oreille et transmet la nouvelle à un correspondant qu'on imagine incrédule. On parle d'un court-circuit, des travaux... "On venait de la refaire". Deux ans de ravalement et d'échafaudage pour en arriver là. Je me dis, en pensant au Francus : "14 ans pour avoir le droit de se marier dans la plus belle mairie de France et nous sommes condamnés à une annexe !" On va demander une cérémonie à l’Église !